Surendettement immobilier : les attitudes à adopter pour reprendre le contrôle

Surendettement immobilier : les attitudes à adopter pour reprendre le contrôle
Sommaires

Imaginez Jean et Marie, un couple de quadragénaires. Ils avaient acheté leur maison en banlieue il y a dix ans, confiants dans leur avenir professionnel. Mais après une perte d’emploi, des mensualités qui augmentent avec les taux variables, et des frais imprévus, leur budget explose. Les prélèvements passent parfois sans provision, les relances de la banque s’accumulent, et la peur de perdre leur logement devient quotidienne.

Leur situation illustre celle de milliers de ménages français confrontés au surendettement immobilier. Pourtant, il existe un chemin pour reprendre la main, étape par étape, à condition d’agir vite et avec méthode.

1. Faire un état des lieux précis

La première urgence est de savoir exactement où vous en êtes.

  • Rassemblez vos contrats de prêt, tableaux d’amortissement, relevés de compte et lettres de relance.
  • Listez l’ensemble de vos crédits en cours : montant restant dû, mensualité, durée, taux et garanties (hypothèque, caution).
  • Recensez vos revenus nets (salaires, allocations, pensions) et vos charges fixes (loyer, impôts, pensions alimentaires, abonnements, charges de copropriété).
  • Calculez votre reste à vivre : revenus – charges fixes.

Ces informations vous serviront à la fois pour négocier avec la banque et, le cas échéant, pour préparer un dossier de surendettement.

2. Stopper l’hémorragie : réduire et trier les dépenses

Avant toute démarche, il est indispensable de freiner les sorties d’argent.

  • Supprimez les abonnements non essentiels : plateformes de streaming, abonnements sportifs peu utilisés, assurances doublonnées.
  • Réduisez les loisirs coûteux : vacances, sorties régulières, achats impulsifs.
  • Revendez ce qui n’est pas vital : bijoux, équipements électroniques non utilisés, deuxième véhicule, meubles excédentaires.
  • Évitez de vendre des biens indispensables à votre travail ou à la vie quotidienne (ordinateur professionnel, véhicule unique du foyer).

Chaque euro libéré peut servir à stabiliser votre situation et montrer votre bonne foi à vos créanciers.

3. Contacter rapidement la banque

N’attendez pas le premier incident de paiement pour agir.

  • Expliquez votre situation de manière factuelle : baisse de revenus, dépenses imprévues.
  • Demandez des solutions : report d’échéances, modulation temporaire des mensualités, passage provisoire en paiement des intérêts seuls, rééchelonnement.
  • Conservez tous les échanges écrits (courriers, mails).

Les banques préfèrent souvent trouver un accord plutôt que d’entamer des procédures longues et coûteuses.

4. Le regroupement ou rachat de crédits : une solution à double tranchant

Le regroupement consiste à rassembler tous vos crédits en un seul, souvent avec une mensualité plus faible.

Avantages :

  • Une seule échéance, plus simple à gérer.
  • Baisse immédiate de la mensualité.

Inconvénients :

  • Durée allongée = coût total plus élevé.
  • Frais de dossier, indemnités de remboursement anticipé, nouvelles garanties à prévoir.

Avant d’accepter, demandez plusieurs simulations (banque, courtier spécialisé) et comparez le coût total du nouveau prêt avec vos dettes actuelles.

5. Saisir la commission de surendettement

Si aucune solution amiable n’est possible, la Banque de France peut vous aider.

  • Remplissez le formulaire officiel (Cerfa n°13594). Vous pouvez le déposer en ligne, par courrier ou directement au guichet de la Banque de France.
  • Joignez toutes les pièces justificatives : revenus, relevés bancaires, contrats de prêts, charges fixes, dettes et courriers de relance.
  • La commission analysera votre situation et pourra proposer un plan conventionnel, imposer un rééchelonnement, suspendre les poursuites ou, dans certains cas extrêmes, effacer une partie des dettes.

Pendant l’instruction, vous pouvez bénéficier d’une suspension des actions de recouvrement.

6. Quand faire appel à un avocat spécialisé ?

Dans certaines situations, le recours à un professionnel est fortement recommandé :

  • Risque de saisie immobilière ou expulsion.
  • Caution personnelle mise en jeu.
  • Clauses de prêt abusives (pénalités excessives, intérêts mal calculés).
  • Rejet du dossier de surendettement ou désaccord avec les mesures proposées.

Un avocat en surendettement peut analyser vos contrats, contester certaines clauses, défendre vos droits devant les juridictions et négocier avec les créanciers.

7. Après la décision : tenir le cap et reconstruire

  • Respectez scrupuleusement le plan validé (paiements, échéances).
  • Si votre situation s’améliore, envisagez une nouvelle négociation pour réduire les coûts.
  • Constituez progressivement une petite épargne de sécurité, même minime (50 à 100 € par mois).
  • Appuyez-vous sur les associations spécialisées comme Crésus pour un accompagnement budgétaire durable.

Conclusion

Être surendetté par son prêt immobilier n’est pas une fatalité.

La clé est de ne pas rester seul face au problème : dresser un état des lieux, réduire les dépenses, négocier avec la banque, envisager un regroupement si pertinent, et saisir la commission de surendettement si nécessaire.

Dans les situations les plus délicates, l’accompagnement par un avocat spécialisé peut faire toute la différence.